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Janvier 2018 – Verdon

Un mois à vivre dans le Verdon.

Ses gorges, ses randos, ses vautours fauves, ses vents incessants, neige, brouillard, déluge de pluie ou soleil, tout y passé : de -3 degrés à 23 degrés pour ce mois de janvier. Hormis une boulangerie et une épicerie (qui fermera mi-janvier), tout commerce était fermé. Ce parc régional français, l’un des plus fréquenté en période estivale, est ici déserté. 1 mois en solitaire en compagnie – la plupart du temps – des vautours fauves. Quelques randos tout de même, quelques touristes ou photographes animaliers sur la route des crêtes.

« de 2 »

NB: smartphone HS donc nouveau téléphone à l’ancienne, d’où ces photos de basse qualité.

4 déc – route des crêtes (4/4)

La route des crêtes est un circuit à effectuer en voiture qui offre différents belvédères. Grand panorama sur le Grand Canyon du Verdon assuré et c’est ce que je décide de (re)faire aujourd’hui. Ce ne sera pas une rando, mais je n’ai pas tout à fait envie de quitter la région.

Avec un enneigement à faire fuir une dameuse (bon peut-être moins que ça…), la route des crêtes, qui peut recevoir des centaines de touristes en période estivale, est aujourd’hui déserte. Je ne suis équipé mais je ne veux pas chaîner les roues de la voiture… pas marrant. Je dois m’y reprendre à 6 reprises pour passer les quelques lacets et monter jusqu’au premier belvédère. Quand je me retrouve à patiner, les roues enfoncées dans la neige, je fais marche arrière jusqu’à une zone où le bitume apparait (soit plus d’1 kilomètre en arrière…), seul endroit où je peux prendre de la vitesse : j’appelle ça ma rampe de lancement….bref, je m’amuse.

Belvédère atteint, je suis rejoint par 2 photographes animaliers (Patrick et sa soeur que je salue), qui viennent « shooter du rapace ». En effet, vers 12h, des vautours ont l’habitude de danser avec les vents « chauds » ascendants du canyon et ce belvédère est un parfait endroit pour les photographier. Tous 2 très sympas, je reste finalement la quasi journée avec eux à discuter de tout et de rien, déjeuner, mais surtout à attendre qu’un vautour prenne la pause ! La patience de Patrick n’est que très peu récompensée car il ramène peu de clichés intéressants, semble-t-il. Et pour cause, les vautours sont fainéants aujourd’hui et restent souvent à distance, trop loin pour être immortalisé sur une photo. De mon côté, je passe une très bonne journée en leur compagnie. De toute manière l’objectif-photo de mon téléphone qui téléphone pas, ne rivalise pas avec le zoom 500 mm, 8 kg de Patrick.

3 déc – sentier du Blanc Martel – sentier de l’Imbut (4/4)

Me voilà revenu dans les gorges du Verdon pour y effectuer ma boucle. J’étais venu randonner ici fin octobre, la sécheresse sévissait tellement en cette période que même les buis avaient cramé, chose qui n’était pas encore arrivée dans la région. Aujourd’hui et en ce début de décembre, la neige recouvre une bonne partie du paysage. La route pour accéder au chalet de La Maline (point de départ du sentier touriste du Blanc Martel) n’est pas encore déneigée. C’est d’autant plus inattendu pour moi qui randonnait dans ce site en short + tee-shirt il y a à peine plus d’un mois. Le soleil est au rendez-vous, le ciel est bleu et je me régale à l’avance de ma future délicieuse journée. Déjà sur le trajet en voiture et dans la neige jusqu’au chalet, je suis comme un gamin qui découvre cette neige pour la première fois.

Après avoir mon temps avec un chat qui sert à rien, je pars sur le sentier enneigé du Blanc Martel pour rejoindre la Mescla, petit balcon au bord du Verdon qui offre une beau panorama sur les gorges homonymes. Murielle, avec qui j’avais randonnée en octobre, avait pris des photos. J’essaie donc de prendre quelques unes des miennes avec le même cadrage pour comparer les 2 saisons. C’est très surprenant… Après la Mescla, je pousse encore un peu sur le sentier du Blanc Martel pour faire ensuite demi-tour car je veux me faire le sentier de l’Imbut dans la foulée, et je dois revenir sur mes pas pour le rejoindre. Le sentier de l’Imbut est un parcours accidenté qui suit les méandres creusés par le Verdon. On y admire sans cesse ses eaux verdoyantes et l’itinéraire (plus technique que celui du Blanc Martel) reste, à mon goût, plus spectaculaire et impressionnant.

Le retour vers l’Imbut sera rapide : mes enjambées sont rythmées, je cours même un peu pour gagner du temps. C’est la pleine forme et j’ai déjà pris le temps d’admirer le paysage à l’aller. J’atteins la passerelle qui me permet de rejoindre la rive gauche du Verdon et le sentier de l’Imbut quand je m’aperçois que le sentier (et d’ailleurs la passerelle elle-même) est fermé pour travaux de sécurisation. Des chutes de pierres régulières rendent notamment le trajet dangereux. En octobre, le sentier devait déjà être fermé pour les mêmes raisons, mais les travaux n’avaient pas commencés et aucune barrière n’était installée. Aujourd’hui, 2 barrières sont placées de chaque côté de la passerelle pour bloquer le passage. Or, je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien. Je décide donc d’user de mon Opinel pour me permettre de passer. Je n’ai finalement qu’à couper un seul câble pour rejoindre mon itinéraire (je m’excuse auprès de la société qui mène les travaux, mais au vu de ce que je trouverai ensuite sur les lieux des-dits travaux, je crois que l’on me pardonnera ma soif…).

Sur ce sentier, je m’amuse comme un fou : succession de montées et de descente, caillasse, chemin technique, rapide…bref c’est ma marche. Et malgré un soleil étincelant que je ne verrais plus car je marche dans ces gorges étroites où il ne passe pas (en tout cas en cette saison), le paysage qui m’est donné est magnifique. L’eau du Verdon est verte et translucide, la roche est couverte d’un léger manteau de neige et les falaises semblent avoir été dessinées par un grand maître. Seul bémol, je suis effectivement constamment à l’ombre et ce sera difficile de restituer sur photo ce que j’admirerai aujourd’hui. J’atteins le point de destination que je me suis fixé peu avant la nuit : le Chaos de l’Imbut, un enchevêtrement et un dédale de roches énormes, parfait endroit pour déjeuner quand le soleil est au rendez-vous (cf moi d’octobre). Petite vidéo, puis je reste un bon moment pour apprécier ce Chaos et la roche qui le forme. Je repars juste avant la tombée de la nuit pour ne pas perdre une goute de cette journée.

Mon retour du Chaos de l’Imbut vers la passerelle, ensuite toute la remontée vers le chalet de La Maline se fait, comme prévu, presque entièrement de nuit. J’y prends autant de plaisir que tout ce que j’ai pu marcher aujourd’hui. Seul, comme souvent… pas un chat, pas même un chat qui sert à rien. Cette journée fut un délice.

31 oct – sentier des Pécheurs (3/4)

C’est en discutant avec un aubergiste du coin que j’apprends l’existence de ce sentier dont le départ n’est autre que le parking excentré où je dors depuis 2 jours : ouvre les yeux bordel !! Il me vend bien la chose et le sentier, officiellement fermé, ne l’est que pour des raisons territoriales (petites guéguerres entre propriétaires). Ce sera mon itinéraire pour cette journée toujours aussi ensoleillée.

Cet aubergiste a bien fait de me vendre son parcours qui suit une ligne plutôt inattendue à travers les différents vallons de la région. Il finit par rejoindre le cours du Verdon où son lit, bien plus large qu’en amont, tente tant bien que mal de lutter contre la sécheresse. Je n’ai donc pas le droit aux fontaines naturelles promises par mon fournisseur de bière. Mais pour autant, il aurait été dommage de passer à côté (en fait de dormir à côté…) de ce sentier sans en sillonner le chemin, tant il a à offrir.

30 oct – circuit de La Palud-sur-Verdon (3/4)

Cet itinéraire emprunte principalement le GR4 qui, sur cette partie, rejoint Castellane à Moustiers-Sainte-Marie. C’est aussi un long parcourt, principalement en forêt, et qui se distingue donc des marches faites la veille et avant-veille le long du Verdon. La journée se passe toujours sous un plein soleil d’automne. Je mangerai au milieu d’une belle clairière sous ce même soleil et en tee-shirt, à prendre mes premières couleurs de bronzage. Je ne croiserai cette fois-ci qu’une randonneuse, unique rencontre annonciatrice de ce qui m’attendra régulièrement dans mes prochaines marches de ce périple.

29 oct – sentier de l’Imbut (4/4)

La veille, Pierrot me parlait de ce sentier à 2 pas et qui longe le Verdon vers l’aval, depuis la rive opposée à celle empruntée par le Blanc Martel. Il me parle du parcours, de main-courante, d’échelle, de corde, de proximité avec le Verdon, de roches vertigineuses…. ou lala j’y vais demain.

Je rejoins le sentier de l’imbut par celui du Blanc Martel et grâce à une passerelle qui joint les 2 rives. Ce sentier est censé être fermé pour rénovation. Une pancarte indique d’ailleurs qu’il est préférable d’attendre la fin des futurs travaux. Aujourd’hui, je ne sais plus lire : en route.

Pierrot n’a pas exagéré. Ce sentier technique est plus sauvage que celui du Martel. On reste constamment au coeur des falaises qui forment les très étroites gorges du Verdon. Le sentier est escarpé, caillouteux, jamais plat, ou carrément au milieu des énormes roches qui bordent le lit étriqué du cours d’eau vert et translucide. Régal assuré.

28 oct – sentier du Blanc Martel (4/4)

Ce parcours phare des gorges du Verdon n’est pas un circuit et l’aller-retour serait trop long (selon le topo). Il démarre de Rougon (voire du Point Sublime, belvédère de la route départementale) et finit au chalet de La Maline, ou plutôt dans l’autre sens dans mon cas. Il existe des navettes pour faire la jonction, mais elles sont toutes absentes en cette saison. Un taxi à 9 places en profite mais malgré son prix intéressant quand il se retrouve plein, je préfère tenter le stop, fonctionnant très bien m’a-t-on dit. Pour ne pas me préoccuper du transport à mon retour de rando, je décide de faire du stop dès maintenant et retrouver ma voiture en terminant ma marche. Je suis garé sur le parking de Roubon, village perché dans la montagne, dont l’accès est une route étroite et sans issue. Ce mini-village est constitué d’une crêperie et de 8 maisons, plus ou moins on va dire. On est samedi 8h du mat… J’aime réunir les conditions parfaites pour faire du stop ;). Mais je suis médisant car une voiture passe presque au moment où je lève le pousse pour la première fois. Elle s’arrête mais ne peut me descendre qu’au Point Sublime, à quelques kilomètres au bas de la route sans-issue. Il me faudra plusieurs autres pousses levés et 2 voitures encore pour rejoindre le chalet de La Maline, mon point de départ pédestre. L’une de ces voitures est celle de Murielle de Valbonne dont la voiture chante à chaque trou ou bosse du bitume. On sympathise, elle doit retrouver un ami (Pierrot) sur le Blanc Martel, on part ensemble, on marche ensemble et on retrouve Pierrot 3 minutes après en avoir passé 10 à graver « Mumu » dans le sol pour indiquer notre direction à une bifurcation que Pierrot avait déjà dépassé…hihi.

Magnifique itinéraire que ce sentier Blanc Martel, le long du Verdon. Avec ce grand soleil, l’automne donnent des ombres spécifiques, bien marquées, qui redessinent et enrichissent un paysage déjà bien spectaculaire. Les arbres à feuilles caduques ont changé de ton, rivés à la montagne aux côtés de ceux qui ont gardé leur couleur originelle. La sécheresse, qui sévit (malheureusement) dans la région depuis plusieurs mois, accentue encore le contraste. En gros, ça pète quoi ! Et ça mériterait quelques clichés photo… bah non, faudra attendre le 8 novembre;). On mange tous les 3 à la Mescla, belvédère au bord du Verdon qui nous injecte directement dans les iris, de belles images d’eaux verdoyantes se frayant un chemin au milieu des gorges. Repas court pour ensuite entamer une marche conduite par Pierrot qui accélère rapidement le pas. Je suis en pleine forme, ça tombe bien à pic pour suivre le rythme de mes 2 nouveaux compagnons randonneurs.

Tous les 3 terminons notre marche au Point Sublime, où un bar nous sert la bière d’après rando. La flemme de repartir pour ces derniers kilomètres qui me séparent de la voiture, Murielle et Pierrot me reconduisent directement au parking où elle est garée. Là, je trouve une planche dont l’un des côtés est volontairement posé sur ma plaque d’immatriculation. Le message est clair : « Ne dormez pas ici ce soir ». Le village a suffisamment été bousculé par les touristes de la saison estivale, je ne vais pas chercher les problèmes. Puis avec mon attirail véhiculé, il est préférable de rester discret. Je retourne donc au parking de ma première rando. L’endroit est désert et à l’écart de tout. Ce sera parfait.

27 oct – Rougon et une partie du GR4 (3/4)

J’arrive vers midi sur la route qui mène aux gorges du Verdon. Je ne pousse même pas jusqu’à La Palud-sur-Verdon (prochain village) quand je vois un départ de rando sur la route et de quoi se garer pas loin. J’ai besoin de me dégourdir les pattes. Je mange vite fait et me prépare. Pas un nuage à l’horizon, Il fait très beau et loin de faire froid. Excellente condition pour marcher sur le premier sentier de cette aventure.

Le sentier rejoint le GR4 dont je ferais une petite partie, tout au soleil. Je marche un peu plus de 3h, de quoi mettre en jambe. En hauteur sur un balcon, j’ai le droit à un panorama sur le lac de Sainte-Croix, où débouche le Verdon. C’est magnifique et annonce la couleur des paysages des gorges que je verrais demain.

Au retour, je commence à entrevoir comment articuler les éléments de l’intérieur de la voiture pour optimiser le peu de commodités qui s’y trouvent, à savoir chauffage (quand le moteur tourne), siège arrière (qui ne se rabattent pas du tout comme je l’avais prévu… pour un ex-marchand de véhicules, bravo;) ), et autoradio CD pas mp3. Je dois condamner ma couette à faire le coussin anti-barre de fer qui longe tout le dessus du siège arrière rabattu, et qui me rentre dans le bas du dos. Pour le moment, il ne fait pas si froid que ça la nuit et mon duvet « haute-performance » devrait suffire.

Je dormirai dans le minuscule village de Rougon, après quelques courses faites à La Palud-sur-Verdon. Mon nid commence à prendre forme.