Des enfants de 300000 ans

300000 ans d’existence pour une espèce, ne sommes-nous pas des enfants ?

Des enfants gâtés par trop de jouets. Jouons, jouons ! Des enfants n’ont pas la notion du lendemain. Des enfants qui testent leur père – qui est aux cieux. Tant qu’il ne nous réprimande pas, continuons nos bêtises. Il est bien laxiste ce parent quand tant de guerres se font en son nom. Croyons-nous encore au père Noël ? Oui bien sûr, nous sommes des enfants.

Des enfants égocentrés, comme tout enfant. Le soleil tourne autour de nous. L’univers même tourne autour de nous. Ce matin, nous étions responsables de la destruction de la planète. Enfin 5% d’entre nous pensent que 100% en sont responsables. Les 95% restant ne pensent évidemment pas car trop occupés à se nourrir des miettes laissées par les 5% de leurs camarades éclairées… Ce midi, nous devenons des héros en désamorçant notre propre bombe. Enfin seuls 5% le deviennent puisque les autres 95% ne se sont pas aperçus qu’une bombe allait exploser, idiots qu’ils sont quand ils ne se soucient que de survivre. Ce soir ? Ce soir, il faudra bien admettre que seul notre espace de jeu est en péril. Des enfants face à un astre de 4 milliards et demie d’années, qui a connu 5 extinctions de masse… le temps de ciller, il nous aura vite oublié.

Et moi, quel enfant suis-je ? Je regarde, j’observe, je ne comprends pas, je pleure, je ne sais plus, mais pire… comme tous mes camarades, je ne fais rien. Je suis inutile. Et comme le chat qui ne sert à rien, je ne sers à rien.

Je ne sais pas grand chose, mais j’ai appris ceci : donner c’est s’appauvrir, partager c’est s’appauvrir, s’appauvrir n’est pas un mal.
J’habite une maison chauffée et meublée. Je prends ma douche tous les jours à l’eau potable. Mes enfants sont scolarisés très tôt jusqu’à (pourquoi pas) très tard. Ma santé est assurée par des médecins et pharmacies à chaque coin de rue. Un système méticuleusement ficelé me permet de dégager du temps pour consommer mes envies et mes loisirs. Je cours pour le plaisir et non pour aller quelque part. Je mange pour le plaisir et non pour me nourrir. J’achète Bio puisque j’ai le temps et les moyens de m’instruire sur ce qui est le mieux pour mon corps. Je trie mes déchets puisque j’ai le temps et les moyens de m’instruire sur ce qui le mieux pour la planète. Je suis une bonne personne, civilisée, je crois en de bons principes. J’appartiens à la classe moyenne de mon pays. Sans m’en rendre compte, j’ai été aspiré dans un système qui me protège soit, mais aussi m’enferme dans une bulle hermétique aux contours bien opaques. Me suis-je aperçu que je faisais parti des 5% de la population mondiale qui s’accapare 50% des ressources de la planète ? Ces ressources se partagent, elles ne s’étendent pas au gré de nos besoins. C’est gâteau dont les parts sont inégales. Alors si je veux respecter mes bons principes, suis-je prêt à partager ? À diminuer ma part du gâteau ? À renoncer à nombreuses de mes facilités du quotidien ? À en faire bénéficier mon voisin du 95% ? Suis-je prêt à devenir Lui ?

Si jamais nos amis extraterrestres passent par notre belle planète, pas sûr qu’ils y trouvent une espèce intelligente. Et s’ils en trouvent une, pas sûr que ce soit l’espèce humaine…

Ecrit un soir que je me fais chier dans la voiture après ma rando,
comme un enfant qui trouve un passe-temps et un exutoire inattendu
dans ces lignes maladroitement écrites.
NB: après, j’ai acheté des bouquins et j’ai lu…