Je suis dans le pays basque Est, près de Sainte-Engrâce pour randonner sur le circuit des gorges d’Ehujarre. Il est très tôt, idéal pour commencer une rando d’automne, mais le temps est gris et morne. Toute comme je n’ai pas senti la Cerdagne, je ne sens pas non plus l’endroit où je me trouve. J’ai en tout cas la même sensation qui ne me donne pas envie de rester. J’adore pourtant le littoral de la côte basque, et même son arrière-pays, alors je me dis que ce n’est qu’une sensation faussée, que je devrais marcher et on verra bien. Mais j’effectue cette randonnée sans entrain. Ce n’est pas très rationnel, mais j’ai appris écouter ce ressenti car en voyage comme en rando, il m’a souvent guidé vers les bonnes destinations, au bon moment.Tout comme la Cerdagne, la région du pays basque Est est probablement une belle destination, mais ce n’est pas le moment, le timing n’est pas raccord avec le temps, etc… Bref, je trace ailleurs.

Ailleurs, c’est à La Fruitière dans le val d’Azun, où j’ai gardé une rando sous le coude : le col de la Gentiane. Malheureusement quand j’arrive devant la route de montagne qui mène à La Fruitière, elle est fermée en prévision du mauvais temps. Je n’ai vraiment pas envie de me taper à pied la route bitumée de plusieurs kilomètres.

Il commence effectivement à bien neiger et il fait suffisamment froid pour que les flocons forment la première couche de neige de cette fin d’année. Je décide donc (tardivement) de retourner non loin d’ici, au pont d’Espagne et grimper jusqu’au lac de Gaube. J’espère y jouïr d’un panorama redessiné par la neige. Banco! Recouvert de poudreuse et décoloré par d’épais nuages poivre et sel, le paysage diffère totalement de celui sillonné il y a tout juste 3 jours. Je suis seul avec mon ami Silence, j’ai l’impression de pouvoir entendre le bruit des flocons se déposer sur le sol…un régal.

A la moitié du chemin, je rencontre un garde forestier qui fait le même trajet que moi. Sourire béat devant le spectacle, à ce rare moment de la saison où aucun touriste (presque) ne perturbe son parcours enneigé, il est pourtant ici pour travailler. Il repère (à l’oeil…) les éléments perturbateurs voire dangereux du sentier qu’il fera sécuriser avant la prochaine fournée de touristes (arbres morts, branches prêtes à tomber, gros cailloux pas cool, etc…). Après quelques mots échangés quant à notre présence privilégiée à tous les deux, on se suit silencieusement jusqu’au lac de Gaube, profitant très largement de ce qui nous est offert.

Parti tard, je rentrerai de nuit pour la première fois, à la frontale, et dormirai dans la voiture au pont d’Espagne. Cette rando qui m’aura montré les premières neiges de la vallée, restera gravée dans mes neurones.

C’est aussi le jour où je découvre que mon sac, commencé au mois de juillet, cache un inattendu cadeau : un smart-phone totalement oublié entre 2 pulls, sans carte SIM mais appareil photo. Ce sera la première rando dont je rapporterai les photos (& vidéos).