Je suis parti pour faire le circuit du col des Gentianes qui démarre de La Fruitière, mène aux lacs du Lutour et termine la demi-boucle par le glacier de Vignemale. Mais quand je monte à La Fruitière, je rencontre un chasseur rustre mais aimable, qui m’avertit que le temps va se dégrader (au nez ou grâce au bulletin météo, je ne sais point comment il l’a su). Cette rando étant plutôt longue, je préfère me la mettre sous le coude et me rabattre sur une autre randonnée dont le départ ne se trouve pas très loin.
Ainsi, aujourd’hui, le point de départ de ma rando change pour : le pont d’Espagne. Ce pont, qui n’est pas un pont donc…, est avant tout un immense parking permettant d’accueillir centaines de touristes et autocars de touristes pendant les saisons de forte affluence. L’entrée payante est gardée par des barrières… ouvertes. Hors saison, tous les services du site sont fermés mais à contrario, les barrières restent ouvertes pour indiquer la gratuité du lieu. Bel esprit. Et merci aussi au gars qu’a oublié d’éteindre la box internet de l’accueil (pourtant bel et bien fermé) et qui émet un Wifi ouvert de très bonne qualité, parfait pour des topos à télécharger en PDF avec carte et photos ;).
Depuis le pont d’Espagne et pour accéder au lac de Gaube, marche un peu courte mais comme je les aime : caillouteuse, inégale, technique et pentue. Le lac, lui, est au contraire une tranquille et solitaire masse d’eau, stagnant dans son lit de vieux pépère.
Il a fait froid cette nuit. D’ailleurs ce matin, le givre est au rendez-vous. La montée vers le lac de Gaube autorise une halte dans une petite clairière, devant laquelle je reste scotché. La rosée de l’herbe a glacé sous l’effet du froid. Les rayons bas du soleil d’automne font scintiller ce givre enherbé. Entre vert et blanc, jamais simple gazon n’a été aussi agréable à regarder.
Le parcours jusqu’au refuge des Oulettes est faite avec la même recette que la montée qui joint le pont d’Espagne au lac de Gaube. S’y ajoutent quelques ingrédients dont roches, falaises et chutes d’eau. Il ne fait pas beau mais c’est beau. L’atmosphère est grise, blanche, je ne sais plus. Je suis aux anges.
Il fait nuit, je suis rentré de rando, mais ma journée est loin d’être terminée… Je choisis ma prochaine destination, le Béarn où je dois trouver le pont Lamary, point de départ de la randonnée du col de Pétragème.
– Jamais je ne trouverai le pont Lamary, jamais je n’effectuerai la marche jusqu’au col de Pétragème.
Il se trouve quand dans cette région, les ronds-points ont poussé un peu partout. Il se trouve que mon vieux TomTom GPS bombé, dont la cartographie date de plus de 10 ans, n’a pas été avisé de ces nombreux changements. Il se trouve qu’il pète les plombs et m’amène à Oloron, ville où encore plus de ronds-points ont germés. Il se trouve que je ne trouve pas « pont Lamary » sur ma carte routière au 1:400000. Il se trouve que je ne trouve rien du tout. Lassé, je repère un panneau McDo dans un de ces nombreux ronds-points, qui m’amène dans une Z.A. Je me gare au plus près de la vitrine aux effluves pour capter leur « WiFi gratuit et illimité » et sans consommation. Je commence à lire mes mails et là, je suis dans la 4ème dimension.
Martin, un ami que je n’ai pas vu depuis plusieurs mois, m’a envoyé un message. Dans le temps où on ne s’est pas vu, il a déménagé de Paris pour vivre dans les Pyrénées avec son amie Moutilde. Je savais qu’il cherchait à sortir de l’I-D-F, mais je ne savais pas que c’était fait. Lui, sait que je suis dans en vadrouille dans le sud. Il me donne son adresse au cas où je passe dans sa nouvelle région. Illico, je prends le GPS et je tape le nom de la ville « Arudy » comme destination. La jolie machine me donne un temps de parcours de 15 min. « C’est une blague ?? ». J’ai fait une erreur. Je retape le nom de la ville « Arudy » comme destination. La gracieuse machine me donne un temps de parcours de 15 min. « Bordel, c’est une blague ?!? ». Direction Arudy à 15 min. Ce n’était pas une blague, mon GPS est dépourvu d’humour. Je l’ai bien vu quand les 15 minutes se sont transformées en 30 min à force de faire 50 fois le tour des ronds-points qu’il ne connaissait pas…
Il fait nuit, je suis à Arudy, à l’adresse indiquée dans le mail venu de la 4ème dimension, auquel je n’ai même pas pris le temps de répondre. Je ne suis pas attendu quand j’appuie sur le bouton de l’interphone où est inscrit : « Martin & Moutilde ». Une tête aux cheveux oranges passe la fenêtre du 1er étage pour identifier l’hurluberlu qui sonne à cette heure-ci. Moutilde me reconnait malgré mes poils de tête et mes cheveux de barbe. Au travers de la porte d’entrée, j’entends des pas de géant dévaler un escalier. Martin vient m’accueillir.